Introduction
Certains artistes peuvent ressentir un malaise
généraliser lorsqu'il s'agit de décrire leur activité. Pour eux, tout
est clair. L'unité de leur travail est d'une évidence sans faille. Mais
la difficulté éprouvée par la société à donner une définition uniformément
reconnue de cette activité montre à quel point, l'évidence n'est pas
de rigueur pour tous. Si vous faites parti de ces gens qui se demandent
si les artistes ne se moquent pas un peu du monde, ce site doit donc
particulièrement vous énerver. Mais je vous rassure tout de suite, c'est
un pas là sa raison d'être. Vous trouverez dans cette partie un ensemble
de textes qui constituent pour la plupart les archives d'une pratique
qui a pour sens de suivre des incitations non spécialisées. C'est-à-dire
ne provenant pas du tout du "monde de l'art". Ces incitations ne sont
validées que dans le cas où elles me sont proposées en connaissance
de mon statut et qu'elles en revendiquent l'utilité ou le besoin à un
moment précis. Nous saurons revenir plus longuement par la suite sur
cet état car il est évidemment plus que nécessaire de s'y attarder.
RADAR
Présentation de RADAR
En attendant vous pourrez avoir un peu de lecture existante.
Commençons par
Radar
, alias "la Revue Artistique De l'Agglomération Rennaise". Cette revue
a vécu et n'est plus à l'heure actuelle qu'un souvenir. Mais c'est par
là que tout a commencé pour moi. Auparavant, je travaillais sur la transparence
dans le cadre d'une
maîtrise
Arts Plastiques
effectuée à l'Université de Rennes2 qui restait assez visuelle malgré
quelques intonations théoriques.
Mais à ce moment où le projet RADAR est lancé par des étudiantes en
Info-Comm, je suis en train de lire Deleuze et en particulier sa discussion
sur Klossowski, qui m'interpelle. J'y vois bien sûr un certain prolongement
de la transparence : non pas celle, matérielle, du verre; non pas celle,
virtuelle, des choses (cf. Nabokov); mais celle, sociale et psychologique,
des êtres. J'y vois en particulier quelque chose de formidable qui se
résume : on n'est jamais que ce queles autres veulent bien qu'on soit.
Pareil pour les artistes, ce qui permet de donner une claque en passant
au mythe du génie renfrogné ou libéré, mais toujours à côté de la plaque.
Je reconnais donc dans cette demande qui m'ai faite de participer, en
tant que "consultant" (c'est un bien grand mot, on pourrait mieux dire
"conscience") artistique, lesigne de ce que j'étais en train de lire
et vers quoi j'aurais souhaité m'orienté sans trop savoir comment. J'y
voit donc une bonne occasion de me "fondre" dans ce projet sans crainte
puisqu'on me demande d'y participer en vertu de mon expérience artistique.
Ce dernier point est important. Car faut il admettre un point de vue
Nietschéen dans lequel toute vie bien menée est artistique ? Assurément,
je n'avais pas envie d'aller jusque là et cela tout simplement parce
que les autres pourraient prétendre au statut d'artiste ce qui n'est
pas leur intention. Ainsi, le fait qu'une demande soit dans un cadre
de compétences artistiques reconnues permet d'éviter les débordements
éventuels de la pratique que je mets alors sur pieds.
RADAR - Premier glissement : le maquettiste
Ca s'organise
Les réunions informelles sont alors lancée
et décidant de ne pas être forcément actif (c'est pas mon rôle !), mais
attentif au développement, je suis présent lorsque les diverses options
sont discutées. Très vite, il se trouve qu'un manque essentiel est pointer
: le groupe n'a pas de maquettiste. Ils ont tous appris à utiliser Xpress,
mais à part une participante (Mélissa), personne n'a eu la force de
s'y pencher. Les regards se tournent insidieusement vers moi : je connais
assez bien le logiciel puisque je viens de l'utiliser pour présenter
ma maîtrise, et qui plus est, j'ai des compétences en graphisme (ne
l'oublions pas !!). Je prends donc l'option d'épauler Mélissa dans sa
tâche. Quelques documents types (enfin, quelques idées...) en sortiront.
Les vacances, sacrées pour les étudiants, arrivent et les choses flottent
un peu. A la rentrée, tout le monde s'y remet (mais il n'y a plus que
trois personnes : Mélissa, Jenifer et moi). L'association MAP est cré
ément chacun y a son rôle.
- Mélissa est présidente
- Jénifer est secrétaire
- Je suis trésorier
RADAR - Second glissement : le webmaster
Aspects originels
En toute conscience, elles se mettent alors à la recherche
de fonds (démarchage publicitaire ...) et obtiennent un chèque, si je
me souviens bien de 250francs, ce qui représente 10% du budget minimum
nécessaire. Il va donc falloir trouver quelque chose. Internet est à
la mode. La revue s'adresse avant tout à un public intéressé et motivé
(en particulier étudiants en art qui ont un accès internet permanent
et gratuit à l'université). Bref, la décision est prise de faire un
site. Je décide de me proposer parce que le site, c'est un plus, et
que les filles restent toujours sur le démarchage qui leur prend du
temps (pour rien malheureusement).
Je m'occuperais donc du site, et je me mets à l'apprentissage de tout ce qui maintenant me semble d'une facilité sans nom : le langage HTML et la gestion des impératifs techniques. Voilà une sacrée mise en jambe.
En fait, je n'étais donc pas, jusqu'alors un féru d'internet. Bien sur, ca m'a un peu changer. Mais cela ne m'a pas demandé trop d'effort car je me suis facilement pris au jeu de la technique. Et Dieu sait que j'ai pourtant du mal (je serais bien étonné qu'il n'y ait pas une erreur quelconque dans ce site). Je préfère donc rester modeste sur mes compétences informatiques puisqu'après tout, ce n'est pas là mon ambition première. On remarquera d'ailleurs que ma pratique oblige fréquemment à ce situer en retrait pour éviter de trop interférer directement avec les personnes. Je me positionne comme un faiseur de choix parmi un certain nombre nombre de propositions. Il faut donc attendre que les choses viennent d'abord. J'ai traité de cela dans un texte écris à Simon Artignan qui traite en particulier de l'occasion à opposé d'une certaine facon à l'opportunité.
Aspects techniques
Je m'occuperais donc du site et qu'ai-je donc découvert à ce moment là ? Evidemment, beaucoup de choses. En particulier une vision de l'image qui tient compte non plus essentiellement de notre désir, mais du temps. Le temps du visiteur/spectateur. C'est un argument d'ailleurs souvent peu entendu généralement. Il y a bien des imersions du temps dans l'oeuvre mais rarement on s'est entendu dire que cela prenait du temps à l'amateur de venir vois quelque chose parce qu'on estime qu'on fait toujours les choses pour ceux qui se donnent la peine. Et voilà qu'internet change cette vision en affirmant que si le spectateur attend de trop (10 secondes) il y a de grandes chances qu'il parte. Avouez que c'est assez fort. Il font donc faire des images qui portent rapidement à l'oeil et pour cela, j'oriente tout de suite vers un graphisme simple, ce qui n'est pas sans me déplaire.
Le deuxième élément tient dans le fait qu'il faille admettre de diminuer la qualité de son travail pour augmenter le plaisir du visiteur (conditionné par le temps d'attente). Cela tient dans la notion d'optimisation, c'est-à-dire, faire la meilleure image possible en prenant en compte les impératifs techniques qui ne sont pas ceux de la création (logiciel de création d'image) mais ceux de la diffusion.
Le troisième élément tient dans le fait que notre document étant noyé dans une masse sans nom, il faut accepté de ne pas etre vu et que ce qui est fait soit considéré comme autre chose (que de l'art : ce qui est en partie vrai car je ne me considère pas comme un artiste de l'internet; internet n'est pas un médium d'expression, c'est une occasion).
Enfin, il faut vois ses documents fractionnés et considérés qu'ils seront reconstitués. Cela n'est pas trop difficile pour un bon nombre de pratiques contemporaines, mais n'a pas toujours été le cas. L'oeuvre a souvent été considérée comme un ensemble indissociable. Bien sur, tous ces élèments ne me touchent pas directement dans le cadre d'une création visuelle ou tournée vers un objet (puisque je n'en crée pas réellement), mais sont autant de thématiques que j'analyse et permettent éventuellement de rebondir, de sortir d'une impasse ou de refuser une offre qui serait trop en opposition avec certains principes que je m'accorde tout de meme (pensez aux dernières élections qui ont vues Le Pen fort bien placé, comprenez que je souhaite garder un peu d'intégrité dans ce projet).
RADAR - Troisième glissement : le DRH
Recruter pour l'art local
Tout cela est donc lancé. Le seul problème, c'est que pour l'instant on n'a plus personne pour écrire les articles puisque mes accolytes d'info-comm ne se considèrent pas comme des critiques mais plutot comme des gestionnaires de projet. Il va donc falloir démarcher. La décision est prise de s'orienter plutot vers les étudiants d'arts plastiques et histoire de l'art qui ont des qualités émergeantes et qui peuvent tirer un certain bénéfice d'une participation. Et comme mes amies n'ont pas de connaissances particulières en art (du moins c'est ce qu'elles revendiquent, un peu comme moi d'ailleurs), c'est qui irait aux entretiens vendre le projet aux personnes éventuellement intéressées. On réussit alors à réunir un certain nombre de personnes (une dizaine). On se dit que c'est plutot pas mal : que si chacun fait un article tous les deux mois, on peut couvrir quasiment la totalité des expos rennaises.
RADAR - Quatrième glissement : le critique
Ecrire pour la reconnaissance des artistes
Le hic, c'est que tout le monde attend le financement, parce qu'Internet ca les amuse, mais ils veulent etre sur papier. Et comme on est toujours à un budget de 250 francs, c'est un peu rude (surtout qu'un certain nombre ne veut pas payer son adhésion à l'asso). Bref, il faut lancer le sujet. Les filles proposent évidemment de sortir un numéro 0, disponible uniquement sur Internet, qui permettrait de faire preuve de notre qualité. Tout le monde n'est pas chaud. Je décide donc d'écrire quelque chose pour la réunion suivante : ce sera le texte "L'évocation technique" au sujet de l'exposition de Stéphane Langlois au Triangle. La thématique est simple, mais j'essaie de soigner l'écriture pour faire sérieux sans aller trop loin pour ne pas décourager ceux qui pourrait éventuellement ce sentir en dessous (il y a en particulier des premières années d'étude dans le groupe). Je dirai que c'est un peu dans le vent, mais après tout, suis-je un critique. A l'époque, certainement pas. Après un article, ce serait exceptionnel. Mais comme au bout de 4 mois plus personne n'écrit rien, il ne reste plus que moi, quasiment à poursuivre (quand je suis lancé, on ne m'arrete plus !!). Et cela durera encore plus d'un an.
Conclusion
A quoi ça mène ?
Tout cela, n'est pas trop visible, ca cafouille, et je me demande si je n'ai pas perdu du temps. Je me dis que non et que le principe initial, qui consiste en une sorte de travestissement (de quoi est capable un artiste ou pour quel genre de travail est-il fait), ce principe initial fonctionne plutot bien. Puisque finallement, à chaque fois, on se tourne vers moi pour sortir d'une impasse. En tant que jeune artiste je suis alors au centre du processus, et c'est plutot positif dans mon projet.
D'ailleurs RADAR servira un peu plus tard. Je me rend compte au moment de l'expo "Aux Voyageurs" dirigée par B. Klein, que la revue a quand meme fait parler d'elle, que certaines personnes m'identifient comme en faisant parti, et pour certaines comme artiste y participant (en particulier c'est comme cela qu'à semblait me prendre Yvette LeGall du Triangle). Je suis un artiste qui comme d'autre tente d'augmenter l'audience de l'art, et qui prend un malin plaisir à discourir sur les productions de ses congénères. Ca tombe alors très bien, car je viens de laisser tomber l'emploi de pompiste que j'occupais depuis plusieurs années .
Introduction
Contexte individuel
On est alors début de l'année 2000, et je viens de trouver un petit poste d'assistant internet à l'université Rennes2 pour un cours d'option de Licence Sciences de l'Education. C'est Mélissa qui m'a conseillé de me plonger dans l'affaire. Après tout, je suis au chomage, donc j'ai le temps; ensuite, j'ai des compétences informatiques (je cherche lesquelles mais puisqu'elle le dit). C'est trois heures par semaine et ça me laisse du temps, alors je prend. On verra que cela aura de lourdes incidences plus tard.
... Et évolution
Pendant ce temps, je parcours les expos et je garde mes textes pour moi. Je continue d'écrire puisqu'on ne se refait pas. La revue est arrêtée mais comme on m'identifie ainsi, je souhaite alors garder la main. Puis je reçois une lettre d'invitation du SEPA. Je peux venir à l'assemblée générale. C'est la première fois depuis la création du SEPA que je suis invité. Je crois tout simplement que je suis à ce moment-là repéré. J'ai écris un peu avant un texte sur Laurent Duthion publié dans RADAR et qui semble avoir été apprécié. Je viens d'être contacté par B. Klein pour "Aux Voyageurs" et semblent aussi avoir été intéressée (elle a une formidable force de conciliation et d'arrangement) et j'ai fait le déplacement de Camaret/mer o le SEPA organisait une expo Hors-les-murs. Des membres du SEPA ont aussi participé à mon projet en ligne SATIS. Brefs, ma tête y est connue. Comme un artiste ou comme un critique, je ne sais pas, mais l'invitation tient, il s'agit donc d'y aller. Guenael Hautbois, artiste et emploi-jeune maquettiste de l'asso, m'incite à me présenter au conseil d'administration. Je me présente comme un ancien étudiant en arts plastiques (je me méfie du terme artiste appliqué à ma personne parce que ça peut en froisser plus d'un et qu'après tout ce n'est pas à moi de dire si je suis un artiste - je ne peux que dire que je me place dans cette tradition) ayant participé à une revue d'art nommée RADAR. Et je suis élu. Le premier conseil me nommera Vide-président : charge honoraire mais en retrait (je ne connais pas assez l'asso pour participer aux comptes ou pour devoir la représenter pleinement. Et voilà une nouvelle aventure qui commence avec des potes artistes, cette fois. Et à ce moment, il y a du boulot au Bon Accueil.
Etant donné le doute qui pèse sur la demande d'implication et le normal échange qu'il y a entre artiste, ce qui est annoncé dans cette partie doit surtout être comprise comme étant un point de vue personnel. Cela révèle que mon projet vise plutôt la représentation que ce fait le public d'un artiste, c'est-à-dire comment une personne qui n'est pas artiste elle-même perçoit l'artiste, ses performances, compétances ou aptitudes.
SEPA : le webmaster(bis)
Lancer le site, le graphisme de guéna est bon on me demande un coup de main technique
SEPA : le directeur de la publication
lancer une revue et écrire des textes.
SEPA : l'artiste
Guena me propose de participer à l'expo Déposer ...